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    « A chaque époque son art, à l’art sa liberté ». Cette devise qui figure sur le fronton du Pavillon de la Sécession construit par Olbrich à Vienne en 1898 montre à quel désir répondait l’Art nouveau : la rupture avec l’imitation des styles du passé dans le but de développer un art correspondant à la sensibilité et au mode de vie d’une société précise, qui assurerait la cohérence totale du décor de vie et le respect des possibilités propres à chaque matière. L’Art nouveau naît d’une société qui se transforme par la modernisation de ses moyens d’existence eux-mêmes.

On datera les débuts de L’Art nouveau vers 1890. Cependant, nombre d’artistes, créateurs et penseurs, anticipent ce mouvement avant 1890. C’est le cas entre autres de William Blake (18-19e s.), William Morris (19e s.) et de Viollet-le-Duc (19es.). La phase initiale, de 1893 à 1895, voit les premières réalisations vraiment abouties émerger, avec des ensembles cohérents, surtout à Bruxelles en Belgique. Fin 1895, le nouveau style commence à fleurir dans toute l’Europe: France, Angleterre, Espagne, Italie, Autriche, Lettonie… mais aussi aux États-Unis,  il se répand à toute vitesse notamment grâce aux grands magasins, aux magazines, à la publicité, aux expositions et à l’émulation entre les différents artistes. La deuxième phase, de 1895 à 1900, voit son essor dans les centres urbains de l’Europe et d’Amérique du Nord, qui cultivent chacune leur propre vision de ce style, Vienne avec la Sécession viennoise, Barcelone avec le modernismo catalan, Nancy et sa fameuse école…, autant de villes ou malgré des similitudes évidentes, chaque artiste développe sa propre expression ou une expression propre au pays, à la région ou à la ville. La troisième phase, de 1900 à 1914, correspond à la période où l’Art nouveau est largement connu. Omniprésent sur la scène culturelle internationale, il fait l’objet d’éloges et de critiques.

Né en plein essor industriel, l’Art nouveau va s’intéresser à de nouvelles techniques, de nouveaux matériaux, de nouveaux modes de production plus proches de l’industrie, à une recherche constante de la fonctionnalité. L’Art nouveau s’encre solidement dans son époque et   tente de répondre à ses besoins. Ainsi tentera-t-il de créer un art accessible à tous grâce à la production en série qui permet des coûts de fabrication moins élevés. Mais la production artistique est restée dans la plupart des cas l’apanage de la bourgeoise souvent industrielle et limitée à des pièces uniques aux matériaux luxueux.  Il marque toutes les formes d’arts visuels mais les arts décoratifs et l’architecture constituent ses principaux domaines d’application. Ses multiples applications tendaient à atteindre un art total. Comme tous les grands styles artistiques, il recouvre une large diversité d’expressions. Parmi les influences historiques les plus marquantes figurent différentes formes du classicisme, les styles baroque, rococo et biedermeier, les arts néo-gothique, mais aussi les Préraphaélites et le mouvement Arts and Crafts. Au-delà de l’Europe, les arts japonais et islamiques sont des sources d’inspiration importantes, suivis par les arts chinois. De plus, certains pays puisent dans les cultures des pays qu’ils ont colonisés. De ces différentes sources d’inspirations mais aussi de recherches esthétiques nouvelles découle un mouvement globalement très inspiré par la nature dans ces différentes formes : végétale, animale, humaine et minérale. Parfois, les œuvres d’art nouveau arborent des thèmes plus engagés, comme les revendications régionalistes.

En 1914, le style Art nouveau s’effondre définitivement juste avant la Première Guerre mondiale, face aux changements économiques et sociaux, à l’avènement d’une nouvelle société industrielle, à la recherche primordiale de l’utilitaire, au triomphe de la machine et à la régression de l’artisanat en Europe. En rejetant le conformisme et en redéfinissant la relation de l’art et de l’industrie, ses adeptes ouvrirent la voix de l’art et de l’architecture modernes.

En France, l’Art nouveau se développe surtout dans deux centres urbains, Paris et Nancy où émergent des ensembles cohérents, mais on en retrouve un peu partout en France de manière plus ou moins isolée: à Tulle, à Compiègne, à Nogent-sur-Marne, à Sèvres, à Lille, au Vésinet ou dans des petites viles comme Limours, Villemoisson… avec des réalisations plus ou moins abouties, parfois seuls quelques détails permettent de détecter le style Art nouveau. Globalement assez proche de l’Art nouveau belge, l’Art nouveau français développe des formes qui lui sont propres de manière cohérente et groupée comme avec l’école de Nancy ou avec des figures isolées comme Hector Guimard qui développe son propre style, ou encore Jules Lavriotte. Parfois méconnus, les artistes français de l’Art nouveau sont nombreux ce qui a donne une grande diversité dans la production artistique qui respecte toutefois toujours des principes communs à tout l’Art nouveau. Les sources d’inspirations sont les mêmes mais on remarque par exemple à Nancy une prédominance pour le motif végétal et des inspirations plus locales, propres à la Lorraine. Le contexte de naissance, bien que globalement similaire, a ses particularités comme à Nancy où l’école de Nancy perpétue des traditions lorraines notamment en verrerie et en ferronerie et où les revendications régionalistes sont très présentes. La présence de nombreux intellectuels et botanistes contribue aussi à créer un contexte particulier. On retrouve la même volonté de rapprocher l’art et l’industrie mais l’artisanat reste la règle. La volonté d’un art pour tous sera par exemple moins sensible qu’en Belgique par exemple. En revanche l’art dans tout est largement développé avec des artistes qui exercent dans de nombreux domaines mais on constate parfois des spécialisations comme la verrerie en  Lorraine.

Nous tenterons donc à travers ce Blog de voir dans quelle mesure l’Art nouveau en France est-il représentatif du mouvement européen du même nom, quelles sont ses spécificités. A travers le diaporama présenté ci-dessus vous pourrez déjà vous faire une idée des similitudes et des différences entre Art nouveau français et européen, mais aussi au sein même de l’Art nouveau en France.